Avant de travailler sur cet épisode, je n’avais jamais mesuré à quel point l’expérience de la course pouvait être différente selon qu’on est un homme ou une femme.

Ma plus grande crainte, quand je cours le soir, c’est de ne pas être vu par une voiture. Je mets une lampe frontale, un gilet fluo… et c’est tout.

Mais pour les femmes que j’ai écoutées, ce n’est que le début d’une série de décisions : quel trajet prendre, quelle heure éviter, faut-il mettre de la musique ou garder une oreille libre ?

L’une d’elles me racontait qu’elle change systématiquement d’itinéraire si elle croise un groupe de garçons. Une autre m’a confié qu’elle n’ose pas courir dans certains parcs pourtant proches de chez elle.

Ce n’est pas de la peur panique. C’est une vigilance constante.

Ce qui m’a le plus marqué, c’est la banalité de certains témoignages. Comme si c’était normal de se faire siffler, de recevoir des commentaires sur son corps, de devoir faire semblant de ne pas entendre.

Joëlle, de l’association DNH, m’a parlé de la création de sorties non mixtes. Au début, ça a étonné. Mais ça a aussi libéré la parole. Parce que dans ces espaces, on peut dire : « Moi aussi, ça m’est arrivé. »

À la Ville de Lausanne, Lise Cordey m’a expliqué comment ils réfléchissent concrètement à cette problématique. Les parcours créés par des femmes, les groupes de course réservés… ce sont des petites choses, mais qui changent tout.

Et puis, il y a eu l’éclairage de Solène Froidevaux, sociologue. Elle rappelle que ce n’est pas juste un problème de course à pied. C’est une question de place dans l’espace public, de socialisation, d’éducation.

Est-ce qu’on apprend à nos enfants que l’espace est à tout le monde ? Est-ce qu’on remet en question les comportements banalisés ?

Cet épisode ne donne pas toutes les réponses. Mais il permet d’écouter. Et j’espère qu’en écoutant, on commence à comprendre.

Mon but, ce n’est pas de juger. C’est juste d’ouvrir un espace d’écoute et de réflexion. Pour que courir soit enfin un moment de liberté. Pour toutes et tous. 🏃‍♀️🏃